LE GOLF DE L’HIRONDELLE ET L’ENVIRONNEMENT
Le parcours du Golf Club d’Angoulême-Hirondelle constitue un environnement privilégié, dans une cadre naturel, à proximité immédiate de la ville d’Angoulême.

Dans ce contexte d’inquiétude environnementale, une attention particulière mérite d’être portée à notre écosystème, si souvent malmené.
Si les enjeux sont différents, la problématique des parcours de golf n’est en revanche guère éloignée de celle, plus globale, de la planète.
Je pense notamment à l’utilisation des engrais, à la protection des gazons contre les parasites et, de manière évidente en cette période de réchauffement climatique, à la bonne gestion de l’eau.
Les préoccupations de la population en matière d’environnement sont aussi celles des greenkeepers de golf. Un parcours est un milieu sensible où la nature est omniprésente. La connaissance du terrain est donc l’une des clés d’un entretien raisonné.
QU’EST-CE QUE LE GAZON ?
C’est une culture de graminées dont les qualités permettent de créer un tapis répondant à des exigences sportives. Sur les terrains de golf, on rencontre différentes espèces et des tapis variés, chacun adapté aux diverses séquences de jeu : des greens (dont la surface est la plus lisse possible), des départs (offrant une bonne résistance à l’usure) et des fairways. Avant d’entretenir le gazon, il faut préalablement porter son attention au sol. Les graminées ont des qualités extraordinaires, ils vivent selon des cycles précis et ont des vertus insoupçonnées. À titre indicatif, dans un litre de sol exploré par les racines de pâturin des prés, on a mesuré 122 000 racines, lesquelles, mises bout à bout, représentent 74 kilomètres de racines !

En réalité, le gazon, loin de n’être qu’un agrément à l’usage des seuls amateurs de golf, permet de maintenir la vie au cœur des sols. En outre, il sert à la production d’oxygène. Sachez qu’un hectare de gazon produit chaque année la valeur nécessaire en oxygène pour 150 personnes. Ce même hectare capte dans l’air le dioxyde de carbone – ce gaz à effet de serre tristement connu – émit en une année par une trentaine de voitures.
Le gazon, comme toutes les plantes, assure le renouvellement en oxygène de notre planète. Un parcours de 18 trous assure ainsi la production en oxygène pour une population de 4 000 habitants en moyenne. Le gazon sert également de filtre à poussière et aux diverses saletés présentes dans l’air, en agissant comme un peigne. Il capte 3 à 6 fois plus de poussières et de saletés qu’une surface « nue », telles qu’une route ou une terrasse.
LE GAZON ET L’ENGRAIS
L’éventuelle contamination des eaux souterraines par les nitrates, sur les parcours de golf, est un problème périodiquement soulevé. Aucune conclusion n’a été rendue à ce sujet, en dépit des recherches poussées qui ont été entreprises aux USA et au Japon. L’Agence Américaine de l’Environnement, réputée sévère pour ses contrôles, n’a jamais relevé de pollution par nitrate sur un terrain de golf, malgré les 200 expertises réalisées en tirage aléatoire dans de nombreux États américains.
Il faut plutôt rappeler, une fois encore, que le système racinaire propre au gazon agit comme un piège à nitrate. Le système fonctionne comme une éponge ayant la capacité d’absorber et de recycler les déchets. De fait, on peut affirmer que l’eau de surface est constamment épurée par le développement du gazon, et qu’un couvert végétal dense en graminées est le garant de la qualité de l’eau et représente une réelle mesure de protection contre l’érosion.
À l’heure actuelle, les greenkeepers ont à leur disposition des « outils » de fertilisation très efficaces : les engrais « retards », notamment, bénéficient de formulations qui libèrent lentement l’azote, permettant ainsi de programmer la distribution des éléments nutritifs sur plusieurs mois.
Sur notre golf, par exemple, la fertilisation est à 95 % réalisée grâce à des apports foliaires, et uniquement avec des biostimulants. Les apports de biostimulants ou engrais se font par voie foliaire, afin d’apporter à la graminée la juste quantité de nourriture dont elle a besoin à l’instant T. Tout est entrepris pour éviter les pertes d’engrais dans le sol.

LE GAZON ET LE PESTICIDE
Ils ne sont utilisés qu’en dernier recours pour juguler les nuisibles. Les produits sont homologués « gazon » et offrent une dégradation rapide. Les personnels à qui incombent les traitements sont formés sur tous les aspects relevant de la sécurité, qu’elle concerne aussi bien la faune et la flore que les humains.
Le bon entretien d’un gazon nécessite une gestion intégrée des produits. Ceux-ci ne peuvent être utilisés qu’après de sévères contrôles. Seuls les produits homologués « gazon » sont mis en œuvre dans l’entretien des golfs. On sait d’ailleurs qu’un gazon sain, se développant sur un sol aéré et stable, n’appelle que très peu d’interventions de protection contre les parasites.
Trois axes président obligatoirement à l’utilisation des pesticides :
- Ils ne sont utilisés qu’en dernier recours pour juguler les nuisibles.
- Les produits sont homologués « gazon » et offrent une dégradation rapide.
- Les personnels à qui incombent les traitements sont formés sur tous les aspects relevant de la sécurité, qu’elle
- concerne aussi bien la faune et la flore que les humains.
Autre chiffre très parlant : la consommation de pesticide sur les golfs (principalement des fongicides) représente moins de 0,1 % de la quantité totale de pesticides consommés en France.
Mieux encore ! Depuis le mois d’octobre 2022 le recours aux pesticides sur notre golf est nul, en raison d’un passage au « 0 phyto » anticipé, face à l’interdiction de l’utilisation des fongicides prévue par la loi Labbé devant entrer en vigueur au 1er janvier 2025.
À Angoulême, notre golf s’inscrit de fait dans une démarche dite de « golf écoresponsable ». Précisons que ce « éco » n’est pas celui de la valeur économique, mais bien celui de l’enjeu écologique. Pour prétendre au label « golf écoresponsable », le greenkeeper se doit de : ne plus recourir aux fongicides, respecter le vivant, c’est s’engager dans la réduction des engrais. C’est s’orienter vers des produits biostimulants, des engrais minéraux ou organiques, plutôt que des produits de synthèse.
Protéger notre écosystème, c’est aussi réduire le taux d’humidité des dix premiers centimètres du sol. C’est encore augmenter le nombre annuel d’opérations mécaniques, telles que l’aération du sol et la scarification, l’incorporation de sable, etc… Préserver notre biotope, c’est bien sûr pratiquer le désherbage des essences indésirables sur un mode manuel et non plus chimique.
NOTRE GOLF ET LA NATURE
Loin de leur image convenue, les golfs sont aussi des sanctuaires, des espaces de calme où la protection des espèces, tant végétales qu’animales, est assurée. Ce sont des lieux à ciel ouvert, où « l’éthique du vivant » peut pleinement s’exercer.

Sur les 31 hectares que compte notre golf, un large périmètre joue le rôle de réserve naturelle, notamment sur les 3,6 hectares de surface non entretenues et ne relevant pas du jeu. Ce sont des espaces peuplés, merveilleusement vivants : sous-bois, jachères de graminées qui bientôt fleuriront, faune sauvage… Bonne nouvelle ! L’installation de nombreuses ruches d’abeilles va prochainement voir le jour, afin d’augmenter le phénomène de pollinisation. Une étude sur les richesses de la faune et de la flore sera elle aussi très rapidement engagée.
Autant de soin et de vigilance apportés au vivant, pour recréer un écosystème varié et durable. Pour accueillir la biodiversité au cœur d’un espace engazonné, il est vrai souvent tiré à quatre épingles !
LA GESTION DE L’EAU
À chaque période de sécheresse qui s’annonce, les golfs sont montrés du doigt et vite accusés d’être de gros consommateurs d’eau, sinon des gaspilleurs d’eau.
Quelques chiffres méritent à ce propos d’être rappelés :
- Avec ses 18 trous, noter golf occupe 31 hectares, dont 15 sont engazonnés. Les greens, surfaces les plus sensibles et exigeantes, ne couvrent qu’environ 6 500 m2. Les départs, quant à eux, représentent environ 9 000 m2. Soit une surface totale arrosée d’un peu plus d’1,5 hectare, traité de manière entièrement informatisée afin que le volume d’eau utilisée soit extrêmement précis.
- L’éco-responsabilité passe par cette exigence : ne pas gaspiller cette ressource dont on sait aujourd’hui combien elle est précieuse.
- La consommation annuelle de notre golf peut atteindre 45 000 m3 sur une année chaude, nécessitant plus de 7 mois d’arrosage.

Bien évidemment, en cas de pénurie d’eau, il est possible de réduire la consommation tout en préservant le terrain et l’activité qu’il génère. Mais imposer une interdiction totale d’arrosage pourrait avoir pour conséquence la disparition totale de l’outil sportif, du pôle économique et de la base écologique que constitue tout parcours de golf.
Professionnels compétents, attentifs aux enjeux environnementaux, les greenkeepers sont soucieux d’optimiser la gestion de l’arrosage. Et ce pour de multiples raisons… Assurer la pérennité des nappes phréatiques pour une utilisation domestique, et vitale, de l’eau. Limiter le coût financier généré par une consommation non raisonnée.
Éviter le compactage des sols et les asphyxies racinaires. Réduire les lessivages qui appauvrissent les sols et favorisent la remontée des racines, les rendant sensibles à la sécheresse. Enrayer le développement de maladies cryptogamiques (ces maladies causées par un champignon parasite, favorisées par des apports élevés d’eau et qui à terme font mourir le gazon)…
Voilà tous les défis qu’aujourd’hui les greenkeepers doivent relever. Entouré d’une équipe de quatre jardiniers engagés au quotidien, je m’applique, au rythme des saisons, à préserver ce petit arpent de planète… La trentaine d’hectares de notre golf !
Pour en faire un exemple de biodiversité et de beauté durable. Le tissu vivant de notre Terre…