Angoulême au Moyen-Âge

Ce premier grand chapitre est consacré à la période médiévale. Les principaux textes conservés à Londres ou Angoulême et touchant à l’organisation de la commune entre le XIIIe et le XVe siècle y sont présentés. Sur chaque page, le chapitre en comprend 19, vous trouverez en plus de la photographie du parchemin, des explications et illustrations de même que de courtes biographies sur les souverains ou personnages célèbres qui ont marqué le passé communal au Moyen-Age.

Comte Guillaume IV TailleferEn 1200, Aymar, de la lignée des Taillefer, dirige un comté qui n’est plus qu’un fief du Duché d’Aquitaine. Les Plantagenêts dominent la région. Le 24 août 1200 Isabelle, fille unique d’Aymar et agée de 14 ans , doit épouser un seigneur puissant de la région : Hugues de Lusignan, Comte de la Marche. Le roi d’Angleterre, suzerain et invité d’honneur de ces noces, ne l’entend pas ainsi et enlève la jeune Isabelle ce même jour pour l’épouser quelques semaines plus tard à Chinon.

Le scandale est immense, le plus grand qui advint en Angoumois écrira plus tard l’historien Corlieu. Le fiancé bafoué et de nombreux seigneurs d’Aquitaine indignés font appel au roi de France. L’attitude de Jean justifie la rupture du lien féodal. Le roi d’Angleterre refusant de comparaitre devant ses pairs, Philippe-Auguste, roi de France, profite de l’occasion pour déclencher « la commise » des terres de Jean. La Normandie et de nombreuses autres provinces vont ainsi revenir au roi de France.

Alors que l’Empire Plantagenêt commence à s’effondrer, Angoulême va bénéficier des largesses de Jean sans Terre et de la Reine Isabelle, la seule angoumoisine devenue reine d’Angleterre !

En 1203, ce sont les premières libertés concédées aux habitants, en 1204 une Isabelle Taillefercommune sur le modèle de Rouen enfin en 1205 des libertés commerciales et un maire. Veuve en 1216, la reine Isabelle quitte Londres et retrouve Angoulême où elle épouse alors son premier fiancé : Hugues X de Lusignan. Elle lui donnera neuf enfants. L’Occasion se présenta alors de reconstituer un vaste ensemble territorial rassemblant autour du Comté d’Angoulême, le Poitou et la Marche.

La Comtesse-reine et son époux entreprennent très vite une série de travaux dans leur résidence baptisée « Palais Taillefer » puis dans la cité et décident la construction d’un château neuf ! Isabelle d’Angoulême voyait grand et cherchait à préserver son indépendance.

Détail de la Charte Communale de 1204En 1242, le fils d’Isabelle, le roi Henri III d’Angleterre débarque à Royan mais quelques jours plus tard à Taillebourg près de Saintes se sont les armées de Saint-Louis, roi de France qui l’emportent. Le traité de Pons fut draconien pour le couple. Un exemple : des troupes royales allaient désormais occuper les châteaux d’Hugues et d’Isabelle ! Le roi de France fit même construire à deux pas de la résidence comtale une forteresse : « le châtelet d’Angoulême » afin de bien manifester l’autorité royale.

Le rêve féodal d’Isabelle Taillefer s’achevait. Elle mourrut en 1246 à l’abbaye de Fontevraud et son époux trois ans plus tard lors de la septième croisade.

L’essor économique de cette période avait permis au sein de la jeune commune la création de laPalais-Taillefer-dessin-SAH foire de Saint-Martin en 1250 et l’aménagement du port de l’Houmeau en 1280. Quatre derniers Comtes Lusignan se succedérent encore dans cette deuxième moitié du XIIIe jusqu’à Guy qui trouva le moyen de léguer son héritage au roi d’Angleterre Edouard Ier !

Le roi de France Philippe le Bel mit alors la succession du Comte d’Angoulême sous séquestre en raison des dettes de ce dernier et de son évidente trahison … L’indépendance d’Angoulême était désormais de l’ordre du passé.

Le 24 août 1200 Isabelle Taillefer, fille d’Aymar, Comte d’Angoulême, doit épouser un seigneur puissant de la région : Hugues de Lusignan, Comte de la Marche. Le roi d’Angleterre, suzerain et invité d’honneur de ces noces, ne l’entend pas ainsi et enlève la jeune Isabelle ce même jour pour l’épouser quelques semaines plus tard à Chinon.

Isabelle, jolie et ambitieuse

IsabelleIsabelle Taillefer est une descendante de l’illustre famille Taillefer, dont un ancêtre, Guillaume, troisième Comte d’Angoulême s’est rendu célèbre en pourfendant en combat singulier le roi Normand, Stonius. Jolie, élégante, cousine du roi Philippe-Auguste, la jeune Isabelle parait, comme son père, ambitieuse et très fière de ses prérogatives. Elle n’a que quatorze ans lorsqu’un mariage manqué et une union romanesque vont faire d’elle une reine d’Angleterre

 

 

Jean sans Terre, amoureux et tyrannique

jeanCe roi de 33 ans appartient à la dynastie des Plantagenets. En 1199 il vient de succéder à son frère le célèbre Richard Coeur de Lion. Invité l’année suivante à Angoulême à l’occasion des noces d’Isabelle d’Angoulême et d’Hugues de Lusignan, il enlève la belle angoumoisine qui deviendra ainsi reine d’Angleterre. Cet enlèvement eut de lourdes conséquences politiques. En effet, Jean sans Terre fut condamné par défaut en 1202 par pairs de France à la perte de ses possessions françaises. Occasion pour Philippe-Auguste de retrouver la maîtrise d’une partie de son royaume. Tel fut le contexte qui présida à la création de la première commune d’Angoulême. Le roi d’Angleterre était certes l’époux de la Comtesse d’Angoulême mais surtout le fait d’octroyer des libertés et une commune allait lui permettre de compter sur l’aide financière et militaire de cette même ville. Besoin urgent au moment où l’empire des Plantagenêts s’effondrait et où Aliénor venait de rendre l’âme à Fontevraud.

L’Angoulême médiévale était ceinturée de hauts remparts avec de puissantes tours et dotée de portes monumentales fortifiées.

Toile de Jeandel sur la "Porte Secours"La première trace des remparts remontait au Bas Empire ( IVe et Ve siècles ) . Il fallait alors se prémunir contre les envahisseurs « Barbares » . Les temples publics ornés de chapiteaux sculptés servirent à construire de hautes murailles. Cette première enceinte s’étendait sur une grande partie du plateau nord de la ville.

A partir du XIIe siècle les premiers remparts furent progressivement reconstruits par les comtes Taillefer. L’heure était à la féodalité et à une sorte d’indépendance politique.

La prospérité économique attirait les populations des campagnes vers les villes. Les franchises, commune et libertés commerciales concédées par le roi d’Angleterre contribuèrent au developpement de la cité-forteresse. « L’air de la ville rendait libre » et ses habitants privilégiés devaient y être protégés de toute intrusion extérieure.

Au XIIIe siècle, la commune était encore toute récente lorsque les époux Lusignan ( la reine Isabelle et son deuxième mari ) décidèrent de poursuivre le plan de fortification et d’englober la partie sud du plateau ( quartier de la Préfecture aujourd’hui ) dans les murs.

A cette même époque, les bases d’un vaste château neuf étaient posées et une forteresse royale « le Châtelet » construite, à proximité, à la demande du roi Saint-Louis pour surveiller une lignée de féodaux trop avide de liberté.

Maquette du Châtelet

A la fin du XIIIe siècle les derniers Lusignan, Comtes d’Angoulême, achevèrent de ceinturer la ville en englobant le fauxbourg Saint-Martial intra muros.

C’est la commune d’Angoulême qui se chargea de l’entretien des trois kilométres de murailles. Les maires y firent graver leurs armes et leurs noms au fur et à mesure des perfectionnements apportés dans les murs à cause de l’évolution de l’architecture défensive.

Les remparts, protecteurs des citoyens d’Angoulême, demeurent l’emblème le plus vénérable de la Commune.

Un monumental chef d’oeuvre au coeur de la cité

Photographie illustrant la reconstitution de la Cathédrale au XIIIème siècleLe monument le plus extraordinaire de la jeune commune est sans nul doute son immense cathédrale romane élevée au XIIe siècle entre 1101 et 1130 par l’évêque Girard II et visitée par le pape Callixte II lors de son passage à Angoulême en 1119.

Le prélat bâtisseur était un homme extrêmement cultivé et épris de beauté. Il s’imposa très vite au sein du gouvernement de l’Eglise puisqu’il fut Légat de quatre papes successifs avant de soutenir l’antipape Anaclet qui causa sa perte.

La toute nouvelle cathédrale devint le cadre des principaux événements de la cité. Sous ses magnifiques coupoles fut célébrée l’avènement de la première commune d’Angoulême en 1204.

pixideAu cours du XIIIe siècle, la Cathédrale Saint-Pierre d’Angoulême faisait toujours grand effet.Elle dominait la cité de ses deux hauts clochers et sa très haute façade sculptée se voulait une catéchèse élaborée autour du thème du jugement dernier. La nef large et lumineuse recouverte de trois coupoles sur pendentifs impressionnait fidèles et pèlerins.

Dans la vaste abside du choeur, sous un imposant ciborium, des colonnes de bronze portaient des anges et entouraient l’autel. Ce dernier était orné de deux magnifiques rétables d’or.Façade de la cathédrale

Girard II avait souhaité faire de cette cathédrale l’un des plus beaux monuments de son époque !

L'imposant donjon des LusignanEn 1308, à la mort du Comte Guy de Lusignan, le roi Philippe le Bel prend possession de la commune d’Angoulême et du comté désormais rattachés au domaine royal. La cité et le Comté sont alors donnés en apanage à plusieurs princes du sang dont la fameuse Jeanne, fille de Louis X le Hutin, écartée du trône de France au profit de son oncle. ( origine de l’exclusion des femmes de la couronne ) La cité est administrée par le corps de ville et par des sénéchaux comtaux et royaux qui représentent les autorités supérieures.

Au XIVe les travaux se poursuivent tout au long de l’imposant système défensif de la ville. Le Donjon du château est enfin achevé et la porte du Palet refaite à neuf. Le pont-levis est percé dans une grande tour carrée elle même flanquée de deux tours circulaires. Quant au vaste choeur du couvent des Cordeliers, il est élevé par Beatrix de Bourgogne. Ses belles voûtes d’ogives et la grande baie sont encore visibles aujourd’hui.

Mais la paix qui régnait depuis le traité de Paris en 1259 entre Français et Anglais ne dure pas. Le roi d’Angleterre fait valoir ses droits à la couronne de France et la guerre éclate à nouveau. Le roi de France Philippe VI se fait battre à Crécy et Henri de Lancastre, Comte de Derby, lieutenant d’Edouard III d’Angleterre pour le Duché d’Aquitaine pille et détruit tout sur son passage.

1373, le roi Charles V redonde la commundeIl faut très vite « appareiller l’artillerie du grand chastel » d’Angoulême. En 1356 le roi de France Jean le Bon est fait prisonnier à Poitiers par le Prince Noir. En 1360 le traité de Brétigny céde la ville d’Angoulême aux anglais. Les habitants d’Angoulême refusent la tutelle anglaise et fondent cette attitude sur une lettre de grâce du roi de France. En effet en 1356, Jean Le Bon avait accordé aux angoumoisins le privilège particulier de n’être jamais placé sous aucune domination que la sienne.

Les habitants d’Angoulême durent pourtant céder. L’administration anglaise s’installa et le « Prince Noir » entendez Edouard de Woodstock, prince de Galles, fils du roi d’Angleterre apprécia le séjour Angoumoisin au point d’y tenir une cour brillante.

Mais la fortune changea de camp. Le roi de France Charles V et son vaillant connétable Du Guesclin inversent la tendance. Après Poitiers, les troupes Frannçaises arrivent aux portes d’Angoulême le 8 septembre 1372. Devant l’absence d’une partie de la garnison anglaise, les Angoumoisins ouvrent les portes de la ville aux Français.

Pour récompenser les habitants de la cité de leur fidélité envers la couronne de France, Charles V leur accorde une nouvelle charte de commune, les anciens privilèges de 1204 ayant été perdu durant les guerres ! La belle devise de la Commune « La fidélité de mes citoyens est ma force » s’inscrit dans cette continuité.Charte de Commune

En 1376, le maire Renaud Caille obtient de Charles V une lettre enjoignant les clercs habitants la ville de participer à la « garde et guet ». A la fin du XIVe siècle la confusion régne dans la région. Si la commune refondée d’Angoulême est redevenue Française et se réorganise progressivement, de nombreuses places fortes du comté sont encore sous domination Anglaise ! Guerre de cent ans oblige !

La Commune d’Angoulême et le « Prince Noir » d’Angleterre

DonjonEn 1356, le roi de France Jean le Bon vaincu par le Prince Noir près de Poitiers, est fait prisonnier. Quatre années plus tard en 1360, le Traité de Brétigny cède au roi Edouard III d’Angleterre la cité d’Angoulême et le Comté. Jean Chandos, capitaine du roi Anglais prend alors possession de la ville. Malgré une première résistance juridique exposée précedemment les angoumoisins furent tout de même contraint d’obéir à l’occupant.

Le roi d’Angleterre était représenté dans la région par son fils aîné, le Prince de Galles connu sous le nom de Prince Noir. Il séjourne à Bordeaux mais aussi à Angoulême à diverses reprises entre 1363 et 1371. Il y tient une cour brillante et y installe sa famille.

Salle haute du donjon des Lusignan au XIVème siècleEn 1368, il réunit les Etats à Angoulême pour obtenir un nouvel impôt. Des rebellions suivront. La fortune change de camp très vite et en peu de mois Du Guesclin devenu Connétable aux côtés de Charles V va reconquérir les terres du Prince Anglais. En 1371, alors que rien ne semble arrêter l’offensive Française, le Prince Noir regagne l’Angleterre. Toujours fidèles à la cause Française et mécontents des lourds impôts, les habitants d’ Angoulême profitent de l’absence du gouverneur et de la troupe anglaise, retenus devant Soubise, pour ouvrir les portes à l’armée Française le 8 septembre 1372.

La commune d’Angoulême refondé par le Roi Charles V

La nouvelle charte communale prend la forme de Lettres Patentes données à Paris en janvier et mars 1373. Elle fut adressée à Angoulême en 1376 par Robert Le Baveux, Sénéchal d’Angoumois. Ce long parchemin qui précise la composition du corps de ville, les impératifs à suivre en matière de police, commerce, voirie est conservé précieusement à Angoulême depuis 630 ans !charte-1372

Par ce texte le roi de France refonde par décision particulière la commune d’Angoulême. La première charte de commune avait été octroyée par Jean sans Terre le 18 mai 1204. Du fait des troubles liés à la guerre mais aussi peut-être en raison de la faiblesse des fonds nécessaires aux fonctionnement d’une commune, les institutions municipales paraissaient en sommeil.

Charles V qui tenait à récompenser les habitants de la cité pour « avoir pendant la guerre qui avait éclaté entre lui et son adversaire d’Angleterre à l’occasion du duché d’Aquitaine, maintenu en vrais sujets les droits du roi sur le duché et notoirement prouvé leur fidélité » donne ici un nouvel élan à la Commune d’Angoulême en la recréant et fixant précisement son fonctionnement. Sources : Archives Municipales d’Angoulême

 La noble devise de la Commune et ses armes

Blason-Ville-avec-fond

La loyauté des bourgeois et habitants de la cité d’Angoulême envers le royaume de France et son roi Charles V est à l’origine de la nouvelle charte de commune. La fidélité des Angoumoisins à la cause française explique donc, dès le XIVe siècle, l’apparition de la belle devise latine d’Angoulême :

« Fortitudo mea civium fides »

en langue française :

« Ce qui fait ma force, c’est la fidélité des mes citoyens »

Les armes de la Ville complètent cette devise. Elles évolueront quelque peu au fur et à mesure des siècles. Nous donnons ici la description qu’en fit l’historien Paul Lefrancq dans la notice qu’il consacra au sixième centenaire de la Charte de 1373 : « D’azur à la porte défendue de deux tours ( le tout crénelé ), d’argent maçonné et ajouré de sable, la herse aux deux tiers, une fleur de lys d’or couronné d’une couronne royale aussi d’or et placée au dessus de la porte entre les deux tours ».

A la fin du XIVe siècle Angoulême est donné en apanage par le roi de France Charles VI à son frère le duc Louis d’Orléans marié à Valentine Visconti.cathédrale d’Angoulême

La Porte et la Cathédrale Saint-Pierre au XVe siècle. Tableau de Charles-François Jeandel (début XXe). SAHC

La commune refondée en 1373 réorganise la vie locale après un long temps de troubles. Hélas la paix est bien précaire. La guerre Franco-Anglaise reprend ses droits en 1404. Le royaume est divisé et le tout nouveau comte, Jean , fils du duc d’Orléans et de Valentine Visconti est emprisonné à Londres.

Maquette du château D'angoulêmeSi Angoulême réussit à se protéger à l’intérieur de ses hautes murailles, la région est dévastée, pillée.

Charles VII roi de France va cependant emporter la partie avec une solide armée, Jeanne d’Arc, Dunois et son demi-frère le Comte Jean d’Angoulême revenu en 1445 après 32 ans de captivité. En 1453 à la bataille de Castillon la guerre qui opposa pendant cent ans les Français et les Anglais s’achève par la victoire des armées du roi de France.

L’heure est à la reconstruction et le Comte Jean de Valois s’y donnera totalement et magnifiquement tant à Angoulême que dans son comté et jusqu’à sa mort en odeur de sainteté en 1467. Il repose dans la cathédrale d’Angoulême. La sage administration de ce prince aimé et l’ampleur de ses réalisations font dire à plusieurs historiens que cette période constitua l’apogée de l’histoire d’Angoulême.

Tour ronde dite "de Marguerite"A la mort du « Bon Comte Jean », son fils Charles marié à Louise de Savoie prendra les rennes du Comté. En 1492, leur fille Marguerite naquit dans la tour ronde du Château d’Angoulême. Elle deviendra l’une des femmes de culture les plus brillantes de son temps.

En 1494, à Cognac cette fois, Louise de Savoie donne naissance à un fils François d’Angoulême qui deviendra roi de France en 1515 !

Pour saluer la fidélité des Angoumoisins à la cause Française et exprimer les faveurs royales aux Comtes d’Angoulême on verra entre autres Louis XI exempter les citoyens d’Angoulême d’impôts en 1461 et Charles VIII confirmer en 1483 ces appréciables et rares privilèges !

Les faveurs du roi Charles VI

Charles VI permet ici d’accroître le maigre budget de la commune de façon à faciliter l’entretien des remparts, l’une des principales tâches de la municipalité.Extrait de Lettres-patentes-Charles

Lettres-Patentes données à Paris le 14 mars 1412 par lesquelles le roi Charles VI accorde aux habitants d’Angoulême la faculté de lever sur le prix de toutes denrées vendues et échangées en ladite ville, en la terre de La Paine qui y est enclose et dans les fauxbourgs, 8 deniers par livre desdits prix , pourvu que la plus grande partie desdits habitants y consentent, que les droits d’aides établis par le roi n’ensoient diminuées, et à la charge que lesdits 8 deniers seront employés aux réparations , fortifications et autres nécessités de ladite ville et non ailleurs, et que le receveur rendra compte devant les officiers du roi.

sources : Archives Municipales d’ Angoulême

Charles VII le « Victorieux » au secours des remparts d’Angoulême

Par ces Lettres Patentes données à Bourges le 22 août 1460, le roi Charles VII poursuit la politique de son père en faveur de la commune d’Angoulême notamment quant à l’entretien des remparts.lettres-patentes-cha_16C

Ce texte concède en effet aux habitants d’Angoulême, pour un an, l’appétissement de la neuvième partie du prix de la pinte de vin vendue au détail en la ville et fauxbourgs. Comme dans le texte précédent le produit devra être employé aux réparations et fortifications d’Angoulême.

Sources : Archives Municipales d’Angoulême

Les Angoumoisins exemptés d’Impôts par Louis XI

Par ces Lettres Patentes le roi Louis XI accorde aux habitants d’Angoulême un privilège rare : l’exemption d’impôt ! Il s’agit de repeupler la ville d’Angoulême.lettres-patentes-1461

A Paris ou il réside le 20 septembre 1461, Louis XI ordonne que les habitants de la ville d’Angoulême “seraient tenus quittes, exempts et affranchis de toutes tailles et impôts créés et à créer par lui en son royaume , tant pour le fait et vivre de gens de guerre que pour toute autre cause que ce puisse être.

Sources : Archives Municipales d’Angoulême

Des exemptions confirmées par Charles VIII

Au tout début de son règne, le fils de Louis XI confirme ici les privilèges accordés en 1461 qui exemptent d’impôts les citoyens d’Angoulême.chartle8-1-mini

Par ces Lettres Patentes très joliment ornées et données à Montils-lès-Tours le 3 février 1483, Charles VIII exempte de tailles, impôts, et autres charges imposées et à imposer , pour quelque cause que ce soit , les habitants de la Ville d’Angoulême, en reconnaissance de leurs services et de leur dévouement et à la sollicitation de Monsieur le Comte d’Angoulême.

Sources : Archives Municipales d’Angoulême

echevinageIl n’existe aucune trace de la situation de la première maison commune d’Angoulême au XIIIe siècle. Les maires et échevins devaient se réunir au Palais Taillefer, dans les églises de la cité ou dans les demeures des maires. La première maison commune connue est celle bâtie lors de la refondation de la Commune par Charles V à la fin du XIVe siècle. Elle se situait non loin de l’église Saint-André. Devenue trop petite, le Corps de Ville décida à l’extrème fin du XVe siècle d’élever un nouvel immeuble plus vaste et de plan carré.

Mézée du Corps de Ville en 1572Bâtie sous l’administration d’Hélie Seguin , maire d’Angoulême de 1495 à 1498, entre les actuelles rues Henri IV, Saint Etienne et du Point du Jour, la nouvelle maison de l’Echevinage était dominée par une tour carrée qui faisait office de beffroi. Le rez de chaussée abritait six petites salles voûtées ainsi qu’un grande pièce. Deux salles occupaient l’étage : la Chambre du Conseil et celle réservée à l’Assemblée des Officiers de la maison de ville.

Ne cherchez plus ce bâtiment, il a été démoli en 1806. Heureusement un plan de la Ville et une peinture de la « Mézée » ( assemblée du Corps de Ville ) nous permettent d’en avoir quelque idée.

Comte Jean d'AngoulêmeTroisième fils de Louis d’Orléans et donc petit-fils du roi Charles V, Jean n’a que huit ans à la mort de son père en 1407. Il hérite d’Angoulême et du Comté mais compte tenu de son jeune âge, son frère Charles, le célèbre poète, administre ses possessions.

En 1412 Charles signe un traité d’alliance avec les anglais. Le coût en était si considérable que Jean, le petit frère, est envoyé à Londres comme otage. Il y restera 33 années ! En l’absence de Jean et de son frère Charles, lui aussi fait prisonnier, c’est Dunois, leur demi-frère, qui géra le Comté. La garnison d’Angoulême était alors commandée par Arnaud Guilhem de Barbazan qui représentait le roi Charles V.

Blason des Valois - AngoulêmeRevenu de captivité alors que les français reconquièrent progressivement les territoires tenus par les anglais, Jean d’Angoulême est nommé vers 1449 lieutenant général de Saintonge et d’Angoumois. Il épouse à l’âge de 50 ans Marguerite de Rohan et défend alors Angoulême puis participe à la victoire de Castillon sur les anglais en 1453. Son administration fut celle d’un saint homme, sage,lettré simple et bon. Sa grande popularité lui valut d’être appelé : Le Bon Comte Jean.

Après les troubles de la guerre de cent ans, la commune d’Angoulême connaîtra un certain développement comme le Comté d’ailleurs. Dès 1449 des avantages sont accordés aux paysans pour défricher, le comte appelle même des populations étrangères. En 1461, le roi Louis XI, cousin du comte Jean, exempte les citoyens d’Angoulême d’impôts de façon à repeupler la ville. Le bon comte Jean fait aussi reconstruire églises, forteresses et modernise ses résidences dont le château d’Angoulême.Modillon du XVème sicèle

Homme de culture, les livres occupe une grande place dans ses demeures joliment décorées. L’un des fleurons de la bibliothèque de son épouse Marguerite sera le célèbre ouvrage intitulé « Les Heures de Rohan », chef d’oeuvre de la peinture du XVe siècle, considéré aujourd’hui comme l’un des joyaux de la bibliothèque nationale. Le Bon Comte Jean mourut à Cognac le 30 avril 1467 et fut inhumé dans la cathédrale d’ Angoulême. Son petit-fils François d’Angoulême montera en 1515 sur le trône de France sous le nom de François Ier.

Sources manuscrites :

Blasons des familles Taillefer, Lusignan et Valois-Angoulême- Public Record Office (Archives Nationales du Royaume-Uni).

- Archives Municipales d’Angoulême.

Sources bibliographiques :

Bibliothèque Municipale d’Angoulême et Bibliothèque de la Société Archéologique et Historique de la Charente.

- Les Privilèges, Franchises, Libertés… d’Angoulême. F de Corlieu. Angoulême, 1629.

- Les noms et ordre des Maires, Eschevins et Conseillers de la Maison Commune d’ Angoulême. J. Sanson. Angoulême, 1651.

- Nouvelle chronologie des maires d’Angoulême. 1215-1501. G. Babinet de Rencogne, BM SAHC, 1868.

- Iconographie de la Cathédrale d’Angoulême. 1575-1880. Pierre Dubourg-Noves. SAHC, 1973.

- Histoire d’Angoulême et de ses alentours. Privat, 1989.

- Petite Encyclopédie d’Angoulême. Via Patrimoine, 1994.

- « Chartes de Libertés et de Communes », Mém. Soc. Antiq. Ouest, 5°s, t VIII, 2002.

- Actes du Colloque « 800 ans de la Commune d’Angoulême ». 2004. À paraître en 2007.Extrait d'un parchemin montrant la lettre "A"

Sources iconographiques :

- Archives, Bibliothèque et Musée des Beaux-Arts de la Ville d’Angoulême.

- Société Archéologique et Historique de la Charente.

- Collections privées.

- Illustrations originales d’Alain François

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Jean sans Terre, roi d’Angleterre concède aux habitants d’Angoulême de garder les libertés et justes coutumes de leur cité et de défendre leurs possessions et leurs droits.

Lettres Patentes du 7 mai 1203 rédigées à Falaise, Normandie :lettres-01

“Le roi aux sénéchaux et à tous les baillis. Nous vous mandons de permettre aux hommes venant dans notre cité d’Angoulême et désireux d’y habiter en y gardant notre foi d’avoir les libertés dues et les justes coutumes de la cité d’Angoulême et nous vous mandons de garder, maintenir et défendre leurs biens, possessions et droits comme notre fief. Et si vous avez commis envers eux quelque forfait, alors, faites-le sans retard amender en leur faveur.

Le 7 mai.”

Sources : Public Record Office. Archives du Royaume-Uni.

Jean sans Terre, roi d’Angleterre concède aux bourgeois d’Angoulême une commune sur le modèle de Rouen, avec les libertés et coutumes dont jouissent sur sa terre les citoyens de Rouen.

Charte

Charte du 18 mai 1204 rédigée à Winchester, Angleterre :

“Jean, par la grâce de Dieu roi d’Angleterre. Sachez que nous avons concédé et confirmé par cette charte à nos citoyens d’Angoulême d’avoir une libre commune et les mêmes libertés et libres coutumes que nos citoyens de Rouen ont dans notre terre et seigneurie. Et, de ce fait, nous interdisons à quiconque de les maltraiter, les molester, ou leur mettre entrave. Témoins : monseigneur Jean, évêque de Norwich, Geoffroy Fitz Peter comte d’Essex, Hugues de Neville, Guillaume Briwerre, Pierre de Stok, Simon de Patishull.

Donné par la main de Simon, évêque élu de Chichester, le 18 mai, la 5e année de notre règne.”

Sources : Public Record Office. Archives du Royaume-Uni.

Jean sans Terre concède des franchises commerciales aux prud’hommes d’Angoulême, sous réserve des privilèges de la cité de Londres.

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Charte du 31 avril 1205 rédigée à Windsor, Angleterre :

“Jean, par la grâce de Dieu, roi d’Angleterre. Sachez que nous avons concédé à nos prud’hommes d’Angoulême d’aller et de revenir librement par toute notre terre avec leurs marchandises, d’être quittes de toute coutume, sauve la liberté de la cité de Londres. Et nous interdisons à quiconque de les en empêcher. Témoins : Ranulf], comte de Chester, Hugues de Lacy , Henri Biset, Pierre Fitz Herbert, Pierre de Stok.

Donné par la main de Joscelin de Wells à Windsor, le 31 avril. La 6e année de notre règne.”

Sources : Public Record Office. Archives du Royaume-Uni.

Jean sans Terre concède à Angoulême le droit d’avoir un maire et une commune et accorde à ses habitants les mêmes libertés qu’à ceux de La RochelleCharte

Lettres Patentes du 15 novembre 1205 rédigées à Christchurch, Angleterre :

“Le roi au sénéchal de Poitou et aux prud’hommes d’Angoulême et à tous ses fidèles sur toute sa terre, salut. Sachez que nous voulons que notre cité d’Angoulême ait un maire et une commune pour notre foi et pour notre honneur et pour la défense de notre terre et que les habitants de cette cité aient toutes les libertés que nous avons concédées aux prud’hommes de La Rochelle.

En témoignage de quoi, Témoin moi-même, à Christchurch, le 15 novembre, la 6e année de notre règne.”

Sources : Public Record Office. Archives du Royaume-Uni.

 

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