Discours d’hommage prononcé par le maire d’Angoulême lors du baptême de la rue en son honneur : Monsieur le préfet, Madame la représentante du président du conseil général, Mesdames et messieurs les députés, Officiers, sous-officiers et marsouins du premier régiment d’infanterie de marine, Mesdames et Messieurs, Alexandre avait 24 ans.
Cela fait maintenant un an qu’il nous a quitté, le samedi 16 mars 2013. Aujourd’hui, sa famille, son régiment et les citoyens d’Angoulême lui rendent hommage. Lui qui a fait le sacrifice de sa vie, laissant sa famille et ses camarades orphelins. Il avait abandonné le confort et la sécurité d’une vie ordinaire pour s’engager auprès de ses frères d’armes du premier régiment d’infanterie de marine. Cette décision, c’est celle d’un jeune homme courageux, qui a décidé de servir la France, en mettant sa force au service des plus faibles. Un désir noble et généreux. En choisissant de servir la France, Alexandre a pris une décision d’homme, à l’âge où l’insouciance prime souvent sur le sens profond des responsabilités.
Le caporal-chef Van Dooren était un remarquable soldat professionnel, un pilote de char AMX 10RC au fort potentiel, apprécié tant par ses camarades que par ses chefs. Les témoignages que j’ai pu consulter parlent d’un soldat qui aimait la vie, son métier, et surtout, sa famille : sa femme et sa fille Allison-Lee. Parti en mission au Mali, il n’aura pas eu le temps de connaître sa seconde fille : Lia-Ana.
Vu d’Angoulême, ce n’est pas évident d’appréhender son quotidien de marsouin… Que savons-nous de la chaleur du désert, à l’intérieur d’un char ? Que savons-nous du manque de sommeil. De la poussière qui s’insinue partout ? Que savons-nous de ce que représente, pour le corps et pour l’esprit, un raid blindé de plusieurs centaines de kilomètres ? Ici, nous n’en savons rien. Nous ne pouvons qu’imaginer le courage et l’abnégation qu’il faut, pour aller débusquer des groupes terroristes à plusieurs milliers de kilomètres de la France. Nous ne pouvons que nous incliner et saluer la mémoire d’Alexandre.
Nous nous devons de reconnaître la chance que nous avons, à Angoulême, d’accueillir depuis 30 ans cette année, des hommes et des femmes de sa trempe. Des hommes et des femmes qui ont décidé de servir le drapeau du premier de marine. Aux 15 noms de batailles inscrits sur les plis de ce drapeau, celui du caporal-chef Van Dooren est aujourd’hui associé.
La ville entière a porté le deuil lorsque la nouvelle de son décès est parvenue. Rarement l’émotion n’a été aussi forte et palpable dans notre cité. Dans les commerces et les écoles, les angoumoisins étaient émus. Parce que nous oublions souvent, pris par le quotidien, le sacrifice que les 800 soldats du régiment acceptent chaque jour de consentir. Par le baptême de cette rue, nous te rendons hommage Alexandre. Les angoumoisins d’aujourd’hui et de demain se souviendront de toi, de ton sacrifice dans la vallée de Tessalit.
Mesdames et messieurs, cadres et marsouins du 1er RIMa, permettez-moi maintenant de citer ce chant que vous connaissez bien et qui aujourd’hui semble être particulièrement indiqué :
J’avais un camarade
De meilleur il n’en est pas
Dans la paix et dans la guerre
Nous allions comme des frères
Marchant d’un même pas
Mais une balle a sifflé
Qui ne nous sera frappé
Le voilà qui tombe à terre
Il est là dans la poussière
Mon cœur est déchiré
A ta mémoire Alexandre