Rares sont les moments aussi forts en émotions à la mairie d’Angoulême. Ce matin, madame Ginette Kolinka a été faite citoyenne d’honneur de la ville d’Angoulême.
Madame Kolinka (ainsi que deux de ses sœurs) a d’abord été arrêtée à Angoulême en 1942. Toutes les trois tentaient de fuir la zone occupée. Elle sera enfermée huit jours à la prison, le temps de vérifier son identité. De retour à Paris, elle entreprend une deuxième tentative pour passer en zone libre. À Avignon, sa famille sera arrêtée par la Gestapo, sur dénonciation. Ginette Kolinka sera déportée à Auschwitz-Birkenau par le convoi 71, en 1944. Son père et son petit frère sont tués dès leur arrivée. Sélectionnée pour les travaux, elle sera tatouée sous le numéro 78 599. Fin octobre 1944, elle est transférée jusqu’à Bergen-Belsen qui est en pleine anarchie et où la loi du plus fort règne.
En février 1945, elle se porte volontaire et est envoyée à Raguhn, près de Leipzig. Les conditions matérielles sont un peu moins désastreuses qu’à Bergen-Belsen et elle travaille en usine. En avril 1945, devant l’approche des armées alliées, elle est transférée pendant 8 jours, par un « train de la mort » jusqu’au camp de Theresienstadt. Ginette est atteinte du typhus. À son retour à Paris, elle pèse 27 kg. Elle reprend progressivement goût à la vie, travaille et fonde une famille. Son fils Richard, né en 1953, est le batteur du groupe Téléphone.
Depuis une quinzaine d’années, Madame Kolinka, aujourd’hui âgée de 90 ans continue de témoigner, inlassablement, auprès de collégiens et de lycéens. Cette après-midi, elle rencontre les élèves du lycée de Sillac qui se rendront prochainement en Pologne dans le cadre d’un voyage de la mémoire.
Découvrez ci-dessous le parcours de cette femme d’exception, qui œuvre pour le devoir de mémoire.